Fléau qui peut apparaître dès les classes de primaire, qui sévit tout particulièrement au collège et qui peut se poursuivre au lycée, le harcèlement scolaire brise chaque année la confiance en soi de milliers d’enfants et d’adolescents. Si le sujet fait beaucoup parler de lui, malheureusement trop souvent ravivé par des événements tragiques, le harcèlement scolaire est pourtant toujours insuffisamment décelé par le personnel éducatif, parfois par les parents eux-mêmes. L’actualité récente a encore démontré qu’il reste beaucoup à faire pour améliorer la détection, la prise en charge et le désamorçage d’une situation de harcèlement scolaire.
Comprendre le harcèlement scolaire
On parle de harcèlement scolaire pour désigner une violence répétée à l’encontre d’un élève, produite par un ou plusieurs autres élèves de manière concertée ou non. Cette violence peut être de nature verbale, physique ou psychologique. Elle se fonde souvent, plus ou moins sciemment, sur le rejet de la différence et la stigmatisation des caractéristiques et de la personnalité de la victime : apparence physique, sexe, orientation sexuelle supposée, handicap, atypisme, centres d’intérêts originaux, fragilité, appartenance à un groupe social ou culturel spécifique, etc. Mais il n’existe pas à proprement parler de profil type qui prédispose au harcèlement : les harceleurs, avant tout, repèrent une vulnérabilité chez leur victime. Les élèves à l’origine des violences instaurent un rapport de domination et des agressions régulières, qui participent à isoler la victime ou à renforcer son isolement.
Une situation de harcèlement se définit par rapport à 3 critères principaux :
- La violence au sens de rapport de domination et de force entre un/plusieurs élèves et une/des victimes.
- Le caractère répétitif des agressions, qui s’inscrivent dans la durée
- L’isolement de la victime, qui n’est pas en mesure de se défendre
Les violences exercées peuvent prendre différentes formes : intimidations et menaces, moqueries, humiliations, mise à l’écart, agressions physiques, incitation à des jeux dangereux, chantage, insultes. Bien souvent, de nos jours, le harcèlement à l’école se poursuit sur les réseaux sociaux, sous la forme du cyberharcèlement.
Pour la victime, les conséquences du harcèlement scolaire sont multiples et graves : désocialisation, anxiété, dépression, perte d’estime de soi, décrochage scolaire, pensées autodestructrices ou suicidaires, allant parfois jusqu’au passage à l’acte. À long terme, le harcèlement à l’école impacte également le développement psychologique et social de l’individu, avec des répercussions à l’âge adulte.
Comment savoir si mon enfant est harcelé ?
C’est justement parce qu’il repose sur la peur et sur la destruction progressive de l’estime de soi que le harcèlement est aussi difficile à détecter. De nombreux parents culpabilisent de n’avoir pas compris plus tôt ce que vivait leur enfant. Mais l’élève harcelé se replie souvent sur lui-même et se confie rarement spontanément. Lorsqu’il le fait, il minimise alors la portée réelle de son harcèlement, en partie pour protéger ses proches.
Les signes extérieurs à surveiller
Les cas de harcèlement peuvent survenir dès l’école maternelle, même s’ils sont plus fréquents en cycle 3 et 4, c’est-à-dire durant les dernières années de primaire et au collège. L’enfant n’étant pas toujours en mesure de verbaliser ce qu’il subit, il ne faut pas négliger les indices physiques qui peuvent faire penser à un harcèlement : du matériel scolaire régulièrement abîmé, des vêtements détériorés, parfois des traces de violence physique. Il peut arriver d’attribuer à de la négligence, de la maladresse ou de la turbulence ce qui est en réalité le fait d’une malveillance répétée de la part d’autres enfants ou d’un autre enfant. En cas de harcèlement, ces signes extérieurs peuvent s’inscrire dans un faisceau d’indices de mal-être ou d’anxiété.
Identifier une détresse psychologique chez l’enfant
Le harcèlement vécu en milieu scolaire peut entraîner un changement de comportement à la maison : l’enfant peut devenir plus irritable et colérique, renfermé sur lui-même. Lorsqu’il s’agit d’un collégien ou d’une collégienne, ce changement peut être mis à tort sur le compte de l’adolescence.
Il faut également rester attentif aux signes qui peuvent révéler une anxiété à l’idée de retourner à l’école ou au collège : celle-ci peut par exemple se traduire par des maux de tête ou des maux de ventre qui surviennent tout particulièrement le matin, le dimanche soir ou à la fin des vacances scolaires. Le refus d’aller à l’école chez un enfant plus jeune doit également être interrogé, de même que des résultats scolaires qui se dégradent.
Dans tous les cas, il faut garder à l’esprit que l’enfant harcelé peut persister à cacher ce qu’il subit, pour un ensemble de raisons souvent imbriquées de manière complexe : peur de faire de la peine à ses parents, crainte de leur réaction, culpabilité, déni, impression d’être soi-même le problème, etc.
Comment réagir face au harcèlement à l’école ?
En établissement
Il est essentiel que les enfants et adolescents harcelés aient l’opportunité de parler à un adulte de confiance. Pour cela, il faut également davantage de sensibilisation au harcèlement scolaire au sein même des établissements. L’école Galilée fait ainsi appel à un intervenant spécialiste de ces questions. Échanger avec les jeunes sur le harcèlement scolaire permet d’aborder le sujet sous différents angles :
- Alerter les élèves sur les conséquences du harcèlement sur les victimes pour qu’ils en mesurent la portée
- Les sensibiliser sur les mécanismes de harcèlement dans une optique de prévention
- Conseiller les témoins de harcèlement sur les bonnes réactions à tenir
- Donner des ressources aux enfants harcelés : les membres de l’équipe pédagogique à qui s’adresser, les lignes téléphoniques gratuites de soutien (30 20 pour le harcèlement scolaire et 30 18 pour le cyberharcèlement)
Du côté des parents
Instaurer ou réinstaurer le dialogue avec son enfant nécessite qu’il se sente en pleine confiance. Il doit notamment savoir que vous n’agirez pas sans son accord. L’une des craintes qui poussent les victimes de harcèlement à se taire est fondée sur l’appréhension de la réaction parentale : dans certains cas, en intervenant auprès des harceleurs, les parents sont susceptibles d’aggraver la situation aux yeux de l’élève harcelé, qui peut le vivre comme une humiliation supplémentaire.
Selon la gravité du harcèlement, il est parfois possible de trouver avec votre enfant des solutions pour se défendre et désarçonner les harceleurs. Si ce n’est pas suffisant, d’autres recours doivent être ensuite évoqués avec lui : alerter la direction de l’établissement, faire appel à une association, déposer une plainte, parfois changer d’établissement. Un soutien psychologique permettra à l’enfant harcelé de mieux traverser cette épreuve.
Les conséquences dramatiques du harcèlement scolaire font malheureusement trop souvent la une des actualités. Le harcèlement à l’école est devenu un véritable fait de société, favorisé en partie par un climat scolaire dégradé. Dans la plupart des établissements, la sensibilisation des équipes éducatives n’en est qu’à ses balbutiements. Pour mettre fin au harcèlement, il est crucial de le mettre en lumière et d’en condamner systématiquement les mécanismes. Toutes les actions visant à sensibiliser à l’empathie, à la tolérance et à la bienveillance sont bienvenues en établissement. L’objectif est de rendre les élèves acteurs de la lutte contre le harcèlement. Partagez les articles et les ressources sur le harcèlement scolaire autour de vous !